Espace L60

Instrument typique de l'observateur débutant, la lunette de 60 mm peut-elle être adaptée à la photographie ?

Certes, l'impossibilité pratique de placer un boîtier réflex au foyer primaire ainsi qu'une stabilité insuffisante de la monture azimutale livrée avec ce type d'instrument, peuvent sembler dissuasives. Pourtant, ces instruments au rapport F/D 10 à 12 possèdent généralement une bonne qualité optique avec un chromatisme pratiquement imperceptible, et peuvent fournir des images fines et détaillées.

EN PRATIQUE

Tout s'arrange avec l'apport d'un doubleur de focale. Le rapport d'ouverture de F/D 22 donnant 0,564 mm de profondeur de champ, la tolérance de mise au point est plus confortable. Le champ du format 24x36 est intégralement couvert, et la focale portée à 1420 mm.

On obtient à bon compte un puissant téléobjectif certes encombrant, mais de bon rapport prix/performance.

Le trépied d'origine n'est plus utilisable avec une telle surcharge et la fabrication artisanale d'un trépied plus stable a été nécessaire. Une fourche altazimutale en bois a été construite pour recevoir le caisson renfermant la lunette et son boîtier photo, mais sa conception rend impossible l'observation au zénith sans un renvoi coudé à 45°.

La manipulation manque un peu de douceur, mais un minimum de pratique permet de centrer rapidement l'objet. L'ensemble présente une rigidité suffisante pour se dispenser de l'occultation manuelle.

Premier quartier de Lune. Focale: 1420 mm (F/D22). Temps de pose: 1/15" seconde 
Film: TP 2415 développé à 250 ASA (révélateur HC110, dilution B, 12 min)

Les résultats photographiques étant concluants sur la Lune, cet instrument a donc été utilisé pour photographier l'éclipse de Soleil du 11 août dernier. Bien évidemment, l'absence de monture équatoriale a imposé le respect de certaines contraintes ( temps de pose, sensibilité du film...).

Les images de la couronne ont été scannées, puis traitées et compositées informatiquement. La latitude d'exposition d'un film argentique ne permettant pas de restituer l'aspect visuel du phénomène, un compositage de quatre images aux temps de poses différents a permis de faire ressortir les détails dans la basse, moyenne, et haute couronne solaire.

Une variante de la technique du masque flou a été utilisée. Un flou radial a été appliqué à chaque image puis chaque image initiale a été soustraite à son flou 
radial. Le contraste de chaque image sous-traitée a été rehaussé afin de faire ressortir un maximum de détails dans la couronne. Les quatre images soustraites ont été additionnées puis multipliées à l'image ayant le plus long temps de pose.

POUR CONCLURE

On s'aperçoit que les images obtenues avec ce type d'instrument attestent d'une bonne qualité optique. Sur une monture stable, fabriquée artisanalement, il permet d'aborder la photographie de la Lune et du Soleil à moindre frais.

ANNEXE : galerie d'images de l'éclipse de 1999

Suite à cet article, Renaud Leduc a traité les images de l'éclipse en faisant la synthèse de plusieurs images à temps de pose différent (voir ci-dessous).